ITW François Vincent
François Vincent par Guénola Takriet, de l’école Michelet à Asnière-sur-Seine (92).
GT : En tant que conteur et musicien, avez-vous une volonté particulière de détourner les contes et leurs codes ?
FV : Non, pas du tout. D'ailleurs je ne pense pas détourner les contes. En tous cas ce n’est pas un objectif conscient. Quand je travaille, je n'ai pas d'intention particulière au départ. Je commence par prendre un grand plat, j'y verse le plus de versions possibles de l'histoire, je remue longtemps en sifflotant et j'ajoute mon grain de sel. Il me semble que ce qu'on appelle les codes des contes, sont des constructions artificielles établies pour cataloguer et classer les récits de tradition orale. Certes il y a des similitudes dans la construction de nombreux contes, c'est un fait, mais cela concerne quasi uniquement les contes merveilleux. Et je doute que ces codes s’appliquent à toutes les cultures.
GT : À l'origine, les contes transmettaient une morale et n'avaient pas vocation à faire rire. Pourtant vos contes sont drôles : que recherchez-vous avec l’humour ?
FV : Ah la morale des contes ! Je suis persuadé que les contes existaient bien avant ce qu’on appelle la morale. La morale est venue avec le prosélytisme chrétien. Quant à l'origine des contes, elle est aussi difficile à définir que l'origine du monde. J’essaie de faire rire avec les contes parce que c'est ma nature. Et parce que c’est un bon moyen de prendre de la distance par rapport au tragique de l’existence. J'ajoute que de très nombreux contes sont destinés à faire rire.
GT : Qu’est-ce qui fait un bon personnage selon vous ?
FV : Les personnages les plus intéressants sont toujours ceux qui ont beaucoup de défauts. Les très méchants, ou les très bêtes, ou les très égoïstes, ou les très peureux. Ou tout ça à la fois !
GT : Ma fille (10 ans), se demande pourquoi vous ne donnez pas toutes les réponses au lecteur à la fin de vos contes ?
FV : J’aime laisser des questions en suspens pour que le lecteur continue à penser à l’histoire après avoir refermé le livre. Et à utiliser sa propre imagination pour trouver des réponses.